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Blatte power

30 août 2014

Que ma joie demeure!

Il est difficile d'être comique de nos jours, c'est un fait. Mais il est surtout compliqué d'exercer cette profession lorsqu'on a du talent. Pourtant les "showmans" ne manquent pas, singeant dans des "stand up" "l'entertainer" américain, dans leur manière de parler, de gesticuler, de conduire un raisonnement absurde pour tenter de nous soutirer une esclaffade sur ces tous petits riens qui mis bout à bout forment le néant de nos vies. Ils squattent nos télés le samedi soir, s'incrustent en access prime time en semaine, plombent nos dimanche après-midi. Difficile d'échapper à ces crampes, à un sketch sur le sexe, les nouvelles technologies ou sur les particularités d'une minorité raciale.

Et puis il y a comme une troupe d'artistes en marge, moins exposés, que nous appelerons "humoristes" et qui brillent, eux, sur "scène" avec beaucoup d'"originalité". Alexandre Astier en est un des plus bel exemple. Avec son spectacle, "Que ma joie demeure!", le créateur de "Kaamelot" s'approprie la vie du compositeur allemand Jean-Sebastien Bach, pour en faire un personnage odieux, doté d'un orgueil intellectuel insupportable mais sans cesse pardonné.

"Que ma joie demeure!" est un spectacle trés soigné autant au niveau de l'écriture, que de la mise en scène. Malgrès l'utilisation ininterrompue du vocabulaire âpre de la musique classique, rappelant à certains d'entre nous le traumatisme lié à l'apprentissage du solfège, bavant dans une flûte à bec des heures durant pour un résultat des plus médiocres, Alexandre Astier parvient à nous éblouïr par la maîtrise de son sujet tout en nous imergeant dans l'univers d'un génie de son temps. Ce spectacle, bien loin de ses premiers sketchs pompeux, mêle avec aisance et beaucoup de poésie le tragique et le comique.

 

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24 août 2014

Vivian Maier, le choix d'une vie.

Quittant Bruxelles, je fais une halte dans la ville de Gand où est exposée dans une des salles de l'abbaye Saint-Pierre, une partie infime de l’œuvre de Vivian Maier.

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Fin 2007, un jeune homme, passionné par l'histoire de sa ville, Chicago, obtient pour quelques centaines de dollars, des milliers de négatifs lors d'une vente aux enchères. Celui-ci va se rendre compte, petit à petit, de la force des clichés et de la maîtrise technique du photographe anonyme. Au fur et à mesure que John Maloof va développer ces négatifs, le génie d'une artiste inconnue de tous va se révéler au monde entier.

Depuis, une question obsède John et toutes les personnes avec qui il partage sa découverte : « Qui était Vivian Maier ? »

Mais cette question est en fait secondaire, voir accessoire, car même sans chercher à connaître l'identité primaire de l'artiste, homme ou femme, banquier ou balayeur de rue, dans un monde où chacun cherche « son quart d'heure de célébrité », quel individu, se reconnaissant un certain talent, peut-il passer sa vie sans chercher à en tirer un peu d'argent, ne serait-ce que pour pouvoir en amortir le coût ou bien en vivre et ainsi mieux en jouir ?

Alors nous avons tendance à voir un mystère là où se cache en réalité une problématique et même un non-sens : une production sans profit. Quelque chose qui n'est pas de notre temps.

Vivian Maier était une nounou, qui pratiquait la photographie, comme on aurait pu le croire, tel un passe-temps, comme on fait de la broderie ou des aquarelles. Sauf que son objectif toisait les visages dangereux du south side du Chicago d'Iceberg Slim, ou volait des moments plus légers dans la banlieue cossue de la famille pour laquelle elle travaillait. On ne connaît, pour l'instant, personne avec qui elle aurait pu partager sa passion. Elle vécut seule une grande partie de sa vie et mourut dans la précarité. Quelques années avant sa mort, les centaines de cartons contenant les négatifs de l’œuvre de toute une vie furent mis aux enchères faute d'avoir les moyens de payer la location du garde meuble où elle les y avait déposés.

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Par quel raisonnement en vint-elle à refuser de recevoir de l'argent en échange de ses clichés jusqu'à ce qu'ils en soient saisis? On ne peut voir qu'une forme de pureté dans cette relation avec l'art, un dévouement. Le mystère pour nous et pour Vivian, peut-être, est alors de se demander si elle aurait pu exercer son art aussi intensément en étant reconnue pour son talent de son vivant ? 

Au final n'y a-t-il pas une œuvre dans l’œuvre ? Chaque cliché chargé de mystère renvoyant au mystère de sa vie comme l'effet que produisent deux miroirs, l'un en face de l'autre? N'est-elle pas là, la force de cette artiste ? D'arriver à prolonger, par l'imagination, dus aux interrogations quant à sa vie, ses habitudes, la durée d'un instantané ?

Le Van Gogh de Pialat sermonne son frère, qui souhaite que Vincent confie ses tableaux à un marchand, en lui disant « Vendre, c'est jeter avec de l'argent! »

Peut-être Vivian Maier était-elle juste en paix avec ce style de vie, aimant simplement l'acte de photographier, ce jeu avec les passants plus précieux que le résultat final gravé sur ces clichés qu'elle ne développera pas, de manière à passer par là, sur notre vieille terre avec des aspirations saines et sans prétention ?

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23 août 2014

The angriest man in Brooklyn

Le 11 Août 2014, entre deux guerres, au milieu d'un flot d'images sanglantes dans un Moyen-Orient dévasté, filtrait cette nouvelle : la disparition de l'acteur Américain, Robin Williams, mort par pendaison. Ce qui touchait le plus quand on voyait un de ces personnages incarnés à l'écran, c'était l'enthousiasme qu'il mettait à nous transmettre ses émotions dans la comédie comme dans le drame. Acteur engagé à sa manière, totalement impliqué dans son rôle, il nous offra quelques moments cultes de cinéma. Robin Williams faisait parti de ces visages familiers que l'on aimait retrouver, certains de passer un bon moment en sa compagnie.

Cette année sortira "The angriest man in New York", l'une des dernières apparitions sur grand écran de l'acteur. Robin Williams y campe un avocat, aigris au possible, qui vient d'apprendre qu'il lui reste quelques heures à vivre. Essayant, dans la précipitation, de recoller les morceaux avec sa famille, celui-ci enchaîne les maladresses et les déceptions. J'ai choisi ici une des scènes du film qui m'a le plus émue et qui pour le coup illustre, je crois, mes propos plus haut. Je veux parler de ce besoin de se donner tout entier, sans cynisme, à un rôle pour faire éclater un bref instant de vérité.

 

21 juin 2014

Zatoïchi , le héros qui n'en était pas un.

zatoichi_bandeau_930 (2)Le premier des 26 films narrant l'histoire du masseur aveugle s'ouvre par une scène qui dira tout du personnage principal et de la société dans laquelle il se débat. Zatoïchi arrive dans un village et se joint à des joueurs de dés dans un tripot. Les Yakuzas pensent se faire de l'argent sous le nez de l'infirme qui finalement les prend à leurs propres jeux, connaissant trop bien la nature basse de ces individus, et les dépouille de leurs gains.

Mais pour autant, Zatoïchi assume son appartenance à cette mafia et prend parti lors des guerres entre clans. C'est ici que réside la complexité de ce personnage ou plutôt ses contradictions et c'est à travers l'amitié qu'il partage avec un Rônin que se trame le récit d'hommes révoltés mais arrachés à leur désir d'élévation par la cupidité de leurs semblables. Avec cette résignation cachée sous le voile de l'honneur, ces guerriers plient sous le poids de leur armure, s'entre-tuant pour des causes vaines.

La légende de Zatoïchi : Le masseur aveugle est ce genre de film au format court, maîtrisé dans son écriture et sa mise en scène, qui s'impose comme une référence.

 

 

21 juin 2014

Ellia Martell!!! ... I killed her children!!! ... and I raped her!!! ... then I smashed her head like this!!! SCHFPLORK !

 

J'aimerai ici vous parler d'un effet cinématographique particulièrement savoureux qui ne manque jamais de faire son petit effet auprès des spectateurs à condition que celui-ci soit savamment utilisé. Je veux bien sûr parler de l'explosion crânienne. Voici quelques unes des plus mémorables.

 

Albert Dupontel dans Irréversible, « Courage fistons ! »

 

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Grande

Le numérique au service du réalisme de ce type de mise en scène violente fut utilisé brillamment par Gaspard Noé, dans Irréversible. Après une quête pénible dans le dédale d'une boîte gay, Albert Dupontel, avec la forme physique d'un sapeur pompier de Paris, atomise la face d'un imposteur violeur à l'aide d'un extincteur. Les coups répétés de manière rythmés et non hystérique par le meurtrier halluciné, accentuent la lourdeur de ceux-ci et renforcent l'impression de suffocation. Un spectacle intense , pour nous, voyeurs, et pour les témoins présents dans la boîte, qui dépeint la sordide réalité d'un fait divers glauque.

 

Nicolas Winding Refn, la fuite des cerveaux.

S'il y a bien un réalisateur obsédé par le cassage de crâne, c'est bien Nicolas Winding Refn qui incorpore ce type d'exécution dans la majorité de ses films. Que faut-il voir dans ses redondances ? Rien, sinon de la violence tapageuse.

 

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Valhalla Rising , comment faire d'un crâne d’œuf, une omelette.

 

 

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 Drive, un chauffeur avec beaucoup de talon.

 

 

 

 

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Only God forgives, tartare de cervelle sur son lit de liquide céphalo-rachidien

 

 

 

///SPOILER/// Prince Oberynn VS La Montagne ///SPOILER///

 

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Oberynn Martell subit l'une des morts les plus cruelles de la saison. La série nous avait déjà habitué à ce genre d'expérience violente et nous inspire ici une leçon de vie précieuse assez proche de la morale de la fable « Les deux coqs » de Jean de La Fontaine selon laquelle « tout vainqueur insolent à sa perte travaille. Défions-nous du sort, et prenons garde à nous après le gain d'une bataille. »

 

Galvanisés par les résultats obtenus aujourd'hui par des effets spéciaux donnant un réalisme troublant à ces démonstrations de violence sauvage, les réalisateurs en oublient que la tension d'une scène peut être accentué également par la subjectivité et cherchent le traumatisme chez des spectateurs de plus en plus déshumanisés. Le spectaculaire bascule alors dans le vulgaire. Chaque étape franchie dans l'émotion de ces images chocs confère aux prochaines un sentiment de déjà-vu sur quelque chose que nous ne serions pas censés voir.

 

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12 mai 2014

Robocop 2014

Plus rapide, plus puissant, plus souple, plus mieux... Robocop 2014.

 

Je me demande vraiment des fois pourquoi les studios américains méprisent le cinéma de Paul Verhoeven au point d'enchaîner les remakes voués à faire des bides ou des demi-succès. Comme si ses films, pas mal pour l'époque, pouvaient faire un carton aujourd'hui. Dans cette logique là, faire un "Citizen Kane reboot" ne serait pas du luxe.

Sans déconner.

Evidemment, la comparaison de la nouvelle à l'ancienne version est inévitable. Il y aurait de quoi écrire une satire sur la politique sécuritaire de nos pays et le traitement de l'information à l'heure actuelle. Le cynisme de nos élites contemporaines est très proche de celui des cadres supérieurs aux sourires carnassiers de l'OCP de 1987. Sans parler du lieu où se situe l'action, Détroit, ville officiellement déclarée "en faillite" en 2013 .

Pourtant, José Padilha passe à côté.

Robocop premier est un film de série Z sophistiqué : pas plus de quinze mots par réplique, des éruptions de plusieurs litres de sang jaillissant des cratères formés par des impacts de balles gros calibre, des morts violentes à l'acide sulfurique, le faciès atypique de l'agent Murphy secondé par sa co-équipière grassouillette et puis de l'humour, beaucoup de dérision. Robocop punit les criminels, à la manière de l'archange Michel terrassant le dragon ou bien Charles Bronson en mutilateur de violeur, dans un Détroit où le chaos règne.

Malgrès l'approche philosophique et humaniste que José Padilha a voulu donner à son Robocop dernier, le film est lisse et conventionnel. C'est limite si on ne vous explique pas que le blindage du robot a été fabriqué à partir de 2000 boîtes de conserves recyclées.

Dommage, ça aurait pu être bien.

 

11 mai 2014

Starship Troopers ou la séduction totalitaire.

On pourrait se laisser aller au simple plaisir d'apprécier un film de SF tourné façon sitcom grâce à l'intelligence du réalisateur à travers le choix de ses acteurs et sa mise en scène. Seulement le film est un degré plus vicieux que cela.

Voulez-vous en savoir plus?

Effectivement, le cinéaste Hollandais nous propose une tentation au totalitarisme. Qui, après avoir vu ce film n'a pas senti jaillir en lui la flamme du sacrifice au combat, le désir d'une vie ordonnée par des lois strictes permettant aux plus vaillant de s'émanciper de la vie de civil vers celle plus prestigieuse de citoyen?

Alors tout est mis à notre disposition pour rêver d'un tel monde cruel et à la fois simplifié à presque l'extrême. La beauté des personnages principaux, l'intrigue amoureuse du trio, l'appétissante violence guerrière permettant à tout homme de contribuer à l'extermination d'une espèce, celle des arachnides. Les progrès énormes faits sur le territoire mystique du psychisme humain laissant envisager avec excitation l'avènement d'un homme nouveau.

C'est donc grâce à ce tour de passe-passe que Paul Verhoeven séduit le fasciste demeurant en chacun de nous car même conscient de la supercherie nous demeurons démuni face à ce sentiment euphorique émergeant petit à petit tout au long du film ou le désir troublant de créer un ordre mondial implacable pour les vaut-riens mais juste envers les valeureux.

 

11 mai 2014

Elysium

Quatre ans  après District 9, Neill Blomkamp revient avec Elysium.

Après  avoir jubilé comme jamais devant District 9, l’impatience de retrouver le style de ce jeune réalisateur était là. Malgré une première partie qui tient ses promesses, je me suis légèrement lassé devant un scénario réussi mais qui calque trop sur sa dernière œuvre, comme si Neill Blomkamp s’était contenté de reprendre les mêmes ingrédients en rajoutant plus de dollars dans la marmite.

Fini les pointes d’humour et de dérision, prends-toi de l’after effects dans ta face. C’est toutefois réussi. L’utilisation de basses lourdes en fond sonore, lors des scènes d’action, mêlé aux spasmes de la Shaky Cam redonnent au cinéma son légendaire pouvoir épileptique voir vomitif. Elysium n’est certainement pas un incontournable  mais confère néanmoins au réalisateur Sud-Africain le statut d’auteur atypique dans le paysage Hollywoodien.

Un film qui pour ma part m’a fait passer un bon moment mais qui ne laissera certainement aucune trace.

10 mai 2014

Compliance

Malgré un nom plutôt rigolo, le réalisateur de « Compliance », Craig Zobel est arrivé à manipuler le spectateur lambda  que je suis grâce à quatre mots qui rendent légitime tout scénario aussi mauvais soit-il, je veux dire par là le label : « INSPIRE DE FAITS REELS ».

J’aurai pu être agacé par la grossièreté du scénario et répudier ainsi cette œuvre tellement les ordres donnés par le faux policier paraissent grotesques et les personnages semblent abrutis. Et je l’ai été.

Seulement voilà, sans vouloir faire de l’anti-américanisme primaire, il me vient une intuition révélée par ce film. Celui-ci ne met pas juste en lumière le pouvoir de persuasion de certains êtres maléfiques et  l’obéissance aveugle  des individus mais renvoie davantage au désarmement de la classe prolétaire américaine sur sa faculté à discerner les pièges de l’autoritarisme à force d’abrutissement perpétuel. Plus encore le sadisme réel vient de la faculté du pervers (de classe moyenne) à exacerber sans effort  l’hostilité, la méfiance et le mépris du prolo envers son subordonné, lui-même aisément sacrifiable. Il n’est peut-être pas innocent non plus que l’action se passe (et s’est passé selon le fait divers) dans un fast-food en plein rush, emblème d’une certaine culture de la consommation et de l’hédonisme sauce américaine. La gérante décide avant tout de ne pas sacrifier son temps et les gains de la soirée pour le sort d’une pauvre employée à peine majeure. Ainsi nous voyons tour à tour se relayer, comme lors d’une garde à vue, des crétins de souche inspecter l’accusée/victime, prostrée tel un agneau dans une arrière salle de cuisine entre un paquet de frites décongelées de 5kg et un pot géant de mayonnaise bon marché.

Bref, une œuvre plus actuelle qu’elle n’y paraît sur les vaches à lait du système. A voir.

16 mars 2014

Dallas Buyers Club

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Dans les années 80, Ron (Matthew McConaughey), un cow-boy Texan au style de vie débridé, apprend qu'il est atteint du VIH et qu'il lui reste moins d'un mois à vivre. Rejeté par ses semblables car soupçonné d'être homosexuel, exproprié en raison de sa maladie honteuse, Ron refuse d'accepter son sort. Aprés une recherche minutieuse, celui-ci se rend compte qu'il existe un traitement efficace au Mexique mais non validé par les organismes de santé Américains. Voyant l'opportunité de se lancer dans un buisness lucratif, Ron va donc organiser une contre bande de médocs associé à Rayon, travelo en fin de vie incarné par Jared Leto.

Je vous entends déjà avec votre cynisme cruel : "De toute manière dès qu'un acteur américain perd 30 kilos, il faudrait lui remettre un Oscar. C'est certainement un exploi au pays de l'obésité morbide mais moi, vous ne m'impressionez pas monsieur McConaughey!" Propos scandaleux car vide de sens face à l'interprétation de l'acteur.

Vous n'y trouverez pas les chutes mélo dramatique promises par le scénario et la bande-annonce, Jean-Marc Vallée ayant choisi de célébrer la vie et le courage de ces survivants que sont Ron et Rayon dans un monde qui a déjà pris le parti d'enterrer ces êtres magnifiques.  

 

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